Incendie de l'Hôtel Central à Hull (1943)

Le Droit, 23 décembre 1943

Le 23 décembre 1943 vers 4h15 du matin, le gardien de nuit Mastaï Pichette constate qu'un incendie s'est déclenché au troisième étage de l'Hotel Central, situé à l'intersection de la rue Principale et de la rue Laval, à Hull. Monsieur Pichette s'empresse d'appeler les pompiers et monte à l'étage pour réveiller les clients de l'hôtel.

Incendie de l'Hôtel Central, photographie de la rue Laval
(Le droit, 23 décembre 1943)

Une épaisse fumée emplit rapidement tout l'intérieur de l'hôtel. Au moins trois personnes (Mastaï Pichette, Alexander Gray et Joseph Tremblay) se blessent en sautant d'une fenêtre; cinq autre clients sont sauvés par les pompiers.

De son lit d'hôpital Alexander Gray raconte comment il a échappé aux flammes:

"Je m'éveillai en toussant et je constatai que ma chambre était remplie de fumée", dit Gray. "Jetant un regard vers la porte, je vis les flammes pénétrer dans la chambre. Je sautai hors du lit. Je constatai que je ne pouvais pas sortir par la porte. Je saisis une chaise et je brisai la fenêtre. Je rampai jusqu'à mon lit pour saisir mon pantalon et je retournai à la fenêtre. Je m'accrochai alors à un fil de fer et je me laissai tomber sur le trottoir. Ma cheville fut blessée dans cette chute et un pompier vint m'aider à m'éloigner du brasier."  (La Patrie, 23 décembre 1943)

Les flammes se propagent rapidement. En plus de l'Hôtel Central, un édifice de bois et de brique construit une quarantaine d'années plus tôt, deux commerces situés à proximité sont détruits par les flammes: la tabagie de J.L. Provost et la boutique de chaussures de I. Ducharme.

Incendie de l'Hôtel Central, vue de la rue Principal
(Le Droit, 23 décembre 1943)

La température glaciale (-30°C) complique le travail des pompiers, qui travaillent sous la direction du chef Émile Bond: l'eau gèle rapidement en sortant des boyaux et le feu demeure actif sous la glace. Le lendemain, les flammes reprennent et causent des dommages à l'édifice de la banque provinciale.

Le service de tramway qui fait la liaison entre Hull et Ottawa est interrompu pendant plusieurs heures, d'abord à cause d'une panne de courant causée par la chute d'un mur de l'hôtel, et ensuite à cause d'une épaisse couche de glace qui s'est formée sur les rails.

Au départ, on a de la difficulté à évaluer le nombre de victimes puisque les registres ont été brûlés et les survivants ont été plus pressés de se mettre à l'abris du froid que de se rapporter à la police.  Le chef de la police de Hull, J. Adrien Robert, explique que la liste des pensionnaires a dû être reconstituée à partir des souvenirs des employés et des clients qui ont été retracés. Dans les premières heures, certains journaux évoquent la possibilité qu'il y ait jusqu'à 25 victimes, mais dès le lendemain ce nombre est ramené à un maximum de 15 personnes, puis à 9 personnes le 27 décembre.

À gauche, Émile Bond, chef des pompiers de Hull.
À droite, J. Adrien-Robert, chef de police de Hull.

Ce n'est que le 27 décembre que les fouilles peuvent commencer dans les décombres. Les deux premiers cadavres sont découverts le 28 décembre. On en trouve un troisième le lendemain. Un quatrième est localisé le 3 janvier 1944 et, finalement, on trouve les deux derniers le 5 janvier.

Au total ce sont donc 6 personnes qui ont périt dans l'incendie de l'Hôtel Central:

  • Michael Nevins, 67 ans, agriculteur de Farelton (Québec)
  • Aimé Labelle, 55 ans, agriculteur près du lac Caïman au Québec
  • Mike Wilson, 49 ans, cireur de chaussures au Château-Laurier. Il était Ukrainien d'Origine.
  • William-Patrick Meaney, 46 ans, ingénieur de l'armée canadienne au camp de Petawawa, originaire de Régina, en Saskatchewan.
  • Hormidas Gauthier, 23 ans, de lac Sainte-Marie (Québec)
  • Aurèle Éthier, 18 ans, agriculteur de Chénier, près de Gracefield (Québec)

Lors de l'enquête du coroner, le 8 mars 1944, on arrive à la conclusion que la mort de ces six clients de l'hôtel a été purement accidentelle. Le chef Émile Bond considère que l'incendie a été causée par la défectuosité d'une cheminée.

Joseph Tremblay de Montréal, qui s'était fracturé une jambe en sautant d'une fenêtre, réclame un dédommagement au propriétaire de l'Hôtel Central. La cours supérieure lui accordera la somme de $2763,37 en septembre 1947.

La municipalité de Hull fait l'acquisition d'une partie du terrain de l'Hôtel Central afin d'élargir l'intersection des rues Principale et Laval. En 1947, le bijoutier J-Émile Lauzon annonce la construction d'un nouvel édifice commercial sur la portion restante du terrain.

Yves Pelletier

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