Visite tragique de Charles Lindbergh à Ottawa (1927)

Ottawa, 2 juillet 1927: la visite du colonel Charles Lindbergh constitue un moment fort des festivités du 60e anniversaire de la confédération canadienne. Lindbergh est au sommet de sa gloire, puisqu'il vient tout juste d'effectuer son historique traversée en solitaire de l'océan Atlantique environ un mois auparavant.

Le Droit, 4 juillet 1927

Parti de Detroit quelques heures plus tôt aux commandes de son monoplan "The Spirit of St-Louis", Lindbergh est apparu dans le ciel d'Ottawa peu après 13h, accompagné d'une escadrille de 12 avions américains.  Il a d'abord effectué quelques courbes au-dessus de l'édifice du parlement, avant de se diriger vers le lieu prévu pour l'atterrissage: le champ du Hunt Club, où une foule imposante (25 000 personnes selon Le Droit, 50 000 selon La Presse) attend son arrivée.

Lindbergh est le premier à atterrir, sous les cris d'acclamation de la foule. Pendant ce temps, les 12 autres avions effectuent des manoeuvres spectaculaires au-dessus du champ d'atterrissage en attendant leur tour d'atterrir.

Mais vers 13h20, l'avion du lieutenant J. Thad Johnson entre soudainement en collision avec un autre appareil, celui du lieutenant H. A. Wooding.  Malgré une hélice tordue, le lieutenant Wooding parvient à conserver la maîtrise de son appareil et à atterrir sans subir de blessures. 

Le lieutenant Johnson, n'a toutefois pas cette chance: la queue de son appareil a été arrachée lors de l'impact. Ayant perdu la maîtrise de son biplan, il saute du cockpit, mais son parachute n'a pas le temps de s'ouvrir; il meure sur le coup en arrivant au sol.

La Presse, 4 juillet 1927

Le colonel Lindbergh, qui s'apprêtait à monter dans une voiture pour se rendre aux cérémonies prévues sur la colline parlementaire, demande à être escorté jusqu'à l'endroit de l'accident, où on lui confirme le décès de son compatriote.

C'est avec des signes évidents de tristesse que Charles Lindbergh continuera le programme prévu pour le reste de la journée: cérémonie protocolaire sur la colline parlementaire en compagnie du premier ministre W. L. Mackenzie King, devant une foule de 35 000 personnes, apparition à quelques compétitions sportives,  goûter chez le gouverneur général lord Willington, banquet en l'honneur de William Phillips, ministre américain au Canada, etc. Dans son discours sur la colline du parlement, Lindbergh évoque l'émergence imminente de lignes aériennes entre les États-Unis et le Canada.

Le Droit, 5 juillet 1927: Lindbergh lors de son discours, et Lindbergh avec Lord Willington.

Lors d'une rencontre avec des journaliste en soirée, Lindbergh se déclare très peiné par le décès du lieutenant Johnson, un pilote expérimenté, qu'il connaissait bien.  Il ajoute : "C'est un accident très regrettable, mais il aurait pu se produire en n'importe quel autre endroit étant donné qu'il eut lieu durant des manoeuvres que l'escadrille fait régulièrement".

Le lendemain, 3 juillet, le cercueil du lieutenant Johnson fut exposé en chapelle ardente dans l'aile est du parlement, où se tint une cérémonie funéraire. La dépouille fut ensuite amenée à la gare pour être transportée à Fenton, au Michigan, dans un train spécial du Canadien National. Des milliers de personnes assistèrent au passage du cortège. Aux commandes du Spirit of St Louis, le colonel Lindbergh escorta le train, laissant tomber des fleurs sur le wagon.

Le 4 juillet, une enquête sur le décès du lieutenant Johnson est présidée par le coroner J.E. Craig, en présence de 7 des pilotes qui accompagnaient Lindbergh. On arrive à la conclusion que Johnson a temporairement perdu le contrôle de son appareil à cause d'un remous d'air causé par le mouvement circulaire rapide des avions, ce qui a provoqué la collision avec l'appareil de Wooding.  Suite à la collision, l'avion de Johnson a descendu d'environ 60 m (200 pieds), et Johnson en a sauté alors qu'il se trouvait à environ 40 m du sol (125 pieds).

Deux chemins situés à proximité de l'aéroport d'Ottawa ont été baptisés en souvenir de cette journée: Lindbergh Private et Thad Johnson Private.


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Yves Pelletier (Facebook)

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