Dans la soirée du 14 février 1918, 65 enfants en bas âge meurent dans l'incendie de l'hôpital des Soeurs Grises à Montréal. Plusieurs mois plus tard, on découvrira que le feu a été allumé volontairement par Berthe Courtemanche, une jeune employée de l'institut, qui souffre de troubles mentaux.
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| La Presse, 15 février 1918 |
Au moment de l'incendie, plus de 1000 personnes se trouvent à l'intérieur de de cet édifice situé à l'intersection des rues Saint-Mathieu et Dorchester. L'incendie a débuté vers 19h30 au troisième étage de l'aile ouest, où les religieuses prennent soin de 170 bébés sans famille. Juste en-dessous, les locaux servent temporairement à soigner des soldats qui ont été blessés en Europe, pendant la Première Guerre Mondiale. D'autres salles à proximité hébergent des personnes âgées en perte d'autonomie.
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| La crèche où l'incendie a débuté (La Patrie, 15 février 1918) |
L'incendie est majeur et tous les pompiers de Montréal sont mis à contribution pour le combattre. Au péril de leur vie, des religieuses, des pompiers, et des militaires hospitalisés unissent leurs efforts pour sauver les pensionnaires qui sont incapables de se déplacer par eux-mêmes. Mais après un certain temps, il devient impossible d'atteindre les bébés qui se trouvent encore à l'intérieur. Environ une heure après le début du sinistre, une partie du toit s'effondre. Le feu ne sera maitrisé que vers 23 heures.
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| L'hôpital des Soeurs Grises (La Patrie, 15 février 1918) |
Le bilan est désastreux. 65 très jeunes enfants, la plupart encore bébés ont péri dans l'incendie. Les funérailles de 53 d'entre eux, présidés par l'archevêque de Montréal Mgr Paul Bruchesi, ont lieu le 20 février 1918. 18 corbillards transportent les 53 petits cercueils.
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| Des cercueils sont placés dans un corbillard (La Presse, 21 février 1918) |
L'enquête du coroner Edmund McMahon, qui a lieu le 26 février 1918, ne parvient pas à établir les causes du sinistre. Le détective Adélard Lepage déclare qu'il n'a rien découvert qui permettrait de supposer que l'incendie est de nature criminelle. L'électricien Alphonse Dory assure que le filage électrique était sécuritaire, et Mlle Ada Chasen, responsable de la machine à rayons X, assure que l'alimentation électrique de l'appareil avait été interrompue plusieurs heures avant l'incendie. De plus, une religieuse de l'institution déclare qu'aucune bougie n'a été utilisée par le personnel. Le coroner rend un verdict de mort accidentelle.
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| La Presse, 19 novembre 1918 |
Malgré ce verdict, le détective G.H. Rioux de la Sûreté Provinciale poursuit l'enquête. Et plusieurs mois plus tard, le 19 septembre 1918, Berthe Courtemanche, 27 ans, qui travaillait à la crèche de l'hôpital des soeurs grises, est accusée d'avoir volontairement allumé l'incendie. L'enquêteur avait remarqué que, partout où Mlle Courtemanche avait travaillé au cours des dernières années, des incendies avaient été allumés.
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| La Presse, 19 novembre 1918 |
Berthe Courtemanche ne subira pourtant pas de procès, car le Dr F.-E. Devlin, surintendant de l'asile Saint-Jean de Dieu, et son assistant, le Dr Omer Noël.arrivent à la conclusion qu'elle souffre de troubles mentaux qui la poussent à allumer des feux. Elle est internée dans un asile d'aliénés.
Yves Pelletier (Facebook, Mastodon)
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