Elvis Presley à Ottawa (1957)

Le 3 avril 1957, Elvis Presley donne deux spectacles à Ottawa, après en avoir donné deux autres, la veille, à Toronto. Puisque les autorités ont empêché la tenue d'un spectacle en sol québécois, plusieurs centaines de jeunes montréalais se rendent à Ottawa en train ou en autocar afin de voir leur idole.

Le Droit, 4 avril 1957


Des promoteurs avaient pourtant réservé l'auditorium de Verdun pour deux soirs, les 4 et 5 avrils, mais le conseil municipal avait bloqué le projet sous prétexte que la ville ne disposait pas d'effectifs policiers suffisants pour assurer la sécurité.

"Les promoteurs d'Elvis Presley semblent avoir quelque difficulté à trouver un endroit de la métropole canadienne, pour fins de spectacle dans la plus grande ville du pays. Il semble, en effet, que des efforts inutiles ont été faits jusqu'ici, auprès des autorités du Forum, du Palais du Commerce et de l'Auditorium de Verdun."  (Dimanche-Matin, 17 mars 1957) 


La Patrie, 13 mars 1957

 "Le conseil municipal de Verdun a décidé de contremander les représentations que le chanteur de rock'n'roll, Elvis Presley, devait donner à l'auditorium de Verdun, les 4 et 5 avril prochains. Les conseillers ont déclaré que la ville n'a pas suffisamment de policiers pour contenir la foule attendue à ces spectacles." (Le Soleil, 14 mars 1957)

Les jeunes admirateurs et admiratrices d'Elvis sont donc nombreux à prendre la direction d'Ottawa. 800 d'entre eux prennent place à bord d'un train spécial de huit wagons, d'autres s'y rendent en autocar ou en automobile.

 

Des montréalaises s'apprêtent à monter dans le train spécial en direction du spectacle d'Elvis à Ottawa (La Presse, 4 avril 1957)

Publicité dans La Presse, 2 avril 1957

"Les centaines d'adolescents de Montréal qui se sont rendus à Ottawa en train spécial pour voir Elvis Presley sont furieux contre l'agence qui a organisé le voyage. Il semble que le contingent de Montréal a été placé derrière la scène et que la plupart n'ont pas vu Presley "de face". Les Montréalais ont bruyamment manifesté à leur sortie de l'auditorium . Merci aux autorités municipales de Montréal de nous avoir préservé d'un spectacle disgracieux comme celui qu'on a vu à Ottawa; et nos sympathies aux parents qui ont laissé leurs jeunes filles se rendre dans la Capitale fédérale à bord de ce train spécial." (Dimanche-Matin, 7 avril 1957)

La Presse, 4 avril 1957

Tout comme ce sera le cas 7 ans plus tard lors de l'unique prestation des Beatles à Montréal, les journalistes présents n'apprécient ni la prestation de l'artiste, ni le comportement des spectatrices.

"Quand il s'empara, d'un geste...dramatique de sa guitare, les murs du Colisée d'Ottawa résonnèrent d'échos rauques, spasmodiques, tandis que des adolescentes s'arrachaient les cheveux, pleuraient, riaient, tendaient des bras tordus par l'émotion... " (Amédée Gaudreault, La Presse, 4 avril 1957)

Elvis Presley sur scène à Ottawa (Le Droit, 4 avril 1957)    

Titubant, se jetant à genoux, tournant les pouces, embrassant...du regard quelques-uns de ses "fans" qui en trépignaient aussitôt de joie, les cheveux en vadrouille avec favoris extra-longs, Elvis n'avait pas prononcé un mot, fait un geste, que de 8500 poitrines jaillissait une clameur stridente, continue. (...) Spectacle abrutissant, stupide, parfois dégradant. (...) Personnellement, nous avons trouvé ce beau grand garçon d'une insignifiance consommée, mais fort payante. Cependant, il appert qu'il produit chez les adolescentes le même effet que Marilyn Monroe chez les hommes. (Amédée Gaudreault, La Presse, 4 avril 1957)

Une partie de l'auditoire (Le Droit, 4 avril 1957)
 

"Le spectacle méritait qu'on s'y arrête. L'intérêt ne résidait pas sur la scène, mais dans l'auditoire. Au point de vue artistique, en effet, zéro. On n'entendait à peu près rien, les pleurs et les cris féminins dépassant en intensité ceux d'Elvis. Ce qu'on voyait sur la scène ne vaut pas la peine d'être décrit, des gesticulations érotiques sans même un soupçon de beauté." (Germain Tardif, le Droit, 4 avril 1957)

La Presse, 4 avril 1957

"Néanmoins, la foule a transformé l'Auditorium en un véritable asile d'aliénés, presque un enfer. On manque de mots pour décrire la scène; démence, délire, frénésie ne sont pas exagérés. Jamais peut-être un artiste n'a suscité plus d'enthousiasme à Ottawa." (Jean Taillefer, le Droit, 4 avril 1957)

Le Droit, 4 avril 1957


Le Droit, 8 avril 1957

Dans les jours suivants le spectacle, la supérieure du Couvent Notre-Dame d'Ottawa annonce que huit élèves ont été expulsées parce qu'elles ont défié l'interdiction qui leur avait été faite de d'assister au concert d'Elvis Presley. Cette sanction est toutefois levée une semaine plus tard suite à l'intervention de leurs parents. 

Yves Pelletier


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