Décès du lutteur Stanley Stasiak (1931)

Le 13 septembre 1931, le lutteur Stanley Stasiak meurt des suite d'une blessure subie lors d'un combat quelques jours auparavant.

Stanley Stasiak
(La Presse, 31 août 1929)

La lutte à Montréal, en 1931, c'est du sérieux: chaque lundi soir, du mois de mai jusqu'au mois d'octobre, au moins 5 000 spectateurs se rassemblent à l'aréna Mont-Royal pour assister à des combats endiablés. Le mardi, tous les journaux (y compris le très sérieux Devoir!) publient une description détaillée des confrontations de la veille. Quelques mois auparavant, le promoteur Lucien Riopel a  même commencé à présenter des combats au Théâtre Saint-Denis pendant l'hiver, lorsque l'aréna Mont-Royal est strictement réservée à la présentation de matches de hockey.

Stanley Stasiak
(Le Soleil, 2 septembre 1930)

Natif de Pologne mais résidant à Cambridge, au Massachusetts, Stasiak lutte depuis plusieurs années lorsqu'il fait ses débuts à Montréal, le 15 juillet 1929, remplaçant au pied levé le lutteur Eugène Ledoux.

"Faisant ses débuts à Montréal, Stasiak s'est attiré les huées de la foule ainsi que des journaux et même une bouteille en maltraitant son adversaire, Glavio Massimo, qui pesait seulement 196 livres, soit 44 livres de moins que le géant polonais. Stasiak s'est montré brutal à l'extrême, frappant durement sont plus léger adversaire. Massimo s'est vaillamment dépensé pour tenir tête à Stasiak, mais il n'était ni assez lourd, ni assez fort et ni assez résistant pour faire la lutte au géant polonais, qui est pratiquement aussi grand que Jim Maloney et beaucoup plus gros. Au cours de sa courte lutte, le Polonais a montré qu'il est doué d'une force peu commune et il serait intéressant de la voir de nouveau à l'oeuvre mais contre un adversaire qui pourrait lui donner du fil à retordre" (La Presse, 16 juillet 1929)

Stanley Stasiak
(La Presse 11 septembre 1931)

Les commentateurs sont unanimes: Stasiak est costaud (240 livres) et très agressif: les spectateurs le détestent!

"Avant de remporter la victoire, Stasiak a encore fait des siennes, tirant les cheveux et les oreilles de son adversaire, le frappant avec ses poings comme avec ses pieds, allant même jusqu'à tenter de l'étrangler en lui serrant fortement la gorge entre ses deux mains." (La Presse, 23 juillet 1929).

Pendant les trois années suivantes, Stasiak participe à 28 soirées de lutte à Montréal, combattant tour à tour Clavio Massimo, Jimmy Maloney, Wladeck Zbysko, Henri Deglane, Einar Johannsen, Gus Sonnenberg, Strangler Lewis, Regis Siki, Carl Vogel, George Varsell, Dan Petroff, Jack Ganson, Pat McGill, Nick Lutze, Charlie Stack et Raoul Simon.

De gauche à droite: Strangler Lewis, l'arbitre Eugène Tremblay et Stanley Stasiak
(La Presse, 8 avril 1930)

Il participe également à 9 soirées de lutte à l'Aréna de Québec, organisées par le promoteur Joseph Asselin, et à 6 soirées de lutte à l'Auditorium du centre communautaire d'Ottawa, organisées par le promoteur Ted Wright. Le 17 juillet 1931, à Ottawa, il lutte dans deux combats le même soir (contre Karil Popeshil et Fred Myers) pour compenser l'absence imprévue de George Vassel, qu'il était supposé affronter.

Le Droit, 13 mai 1931

Le 3 septembre 1931, Stasiak affronte Ed Don George au à l'Arena Gardens de Toronto, devant 7500 spectateurs. Pendant ce combat, Stasiak est blessé au coude. Mais les blessures font partie du métier et Stasiak n'y accorde pas d'attention particulière. Dans les jours suivants, Stasiak prend la route en direction du Québec, puisqu'il a des engagements à Montréal et à Québec.

Une intense douleur au bras l'oblige toutefois à s'arrêter d'urgence à Belleville, en Ontario. On diagnostique alors une fracture au bras et une grave infection. Stasiak subit deux opérations, et meurt après quelques jours d'agonie.

La Presse, 14 septembre 1931

"Et nous devons dire que Stanley Stasiak était, dans la vie privée, l'homme le plus aimable qu'il soit possible de rencontrer. Celui qui ne pouvais souffrir la moindre taloche dans l'arène sans employer immédiatement les poings ou le "rabbit punch" était aussi doux qu'un agneau quand il n'était pas en devoir" (L'Action Catholique, 14 septembre 1931).

Stanley Stasiak devait combattre George Vassell à Montréal le 14 septembre, et Jim Maloney à Québec le 16 septembre. Dans les deux cas, les spectateurs observèrent une minute de silence en sa mémoire.

Yves Pelletier


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