Décès de Howie Morenz (1937)

À l'automne 1936, les partisans des Canadiens de Montréal apprennent avec joie que Howie Morenz , le formidable joueur de centre qui avait soulevé les foules montréalaises pendant 11 années, de 1923 à 1934, est de retour dans la formation. Tous les espoirs sont donc permis pour cette saison 1937-38, on est loin de se douter que le joueur étoile est en train de vivre ses derniers moments!

Le Soleil, 2 septembre 1936

Né en 1902 à Mitchell, en Ontario, "la comète de Stratford" avait fait ses débuts avec les Canadiens en 1923 (c'est son père qui avait signé son premier contrat, puisqu'il n'avait pas encore tout à fait 21 ans). Il était immédiatement devenu un joueur régulier, formant un redoutable trio offensif en compagnie d'Aurèle Joliat et de Billy Boucher.

Jusqu'en 1934, Morenz attire les foules au tout nouveau Forum de Montréal (inauguré le 29 novembre 1924). En plus de mener l'équipe à trois conquêtes de la coupe Stanley (1923-1924, 1929-1930 et 1930-1931), il remporte à trois reprise le trophée Hart décerné au joueur le plus utile à son équipe (1927-1928, 1930-1931 et 1931-1932). Pendant deux saisons, il est le meilleur pointeur de la ligue, avec 51 points (1927-1928 et 1930-1931).

Avec le temps, ses performances commencent à décliner. Suite à la décevante saison 1933-1934, il est échangé aux Black Hawks de Chicago, et ensuite aux Rangers de New York.  Pendant ces deux saisons à l'étranger, Morenz est malheureux, et son ancienne équipe éprouve d'importantes difficultés (les Canadiens terminent en dernière position de la division canadienne en 1935-1936). De nombreux partisans ont perdu tout intérêt pour le club.

Mais le retour de Morenz au sein des Canadiens en 1936 apporte l'étincelle qui avait fait défaut à l'équipe. Le tricolore se met à amasser les victoires, en grande partie grâce à sa première ligne d'attaque constituée de Howie Morenz, d'Aurèle Joliat et de Johnny Gagnon. Pendant toute la saison 1936-1937, les Canadiens occupent le premier rang de la division canadienne. Malgré ses 33 ans, Howie Morentz semble avoir retrouvé la rapidité qui avait fait son succès quelques années plus tôt.


Le Petit Journal, 3 janvier 1937


Le conte de fée prend soudainement fin le 28 janvier 1937, lors d'un match contre les Black Hawks de Chicago. Cinq minutes après le début de la partie, Morenz se précipite vers la bande pour récupérer la rondelle près du but averse, mais le bout de sa lame de patin se coince dans le bois de la bande. Le défenseur des Black Hawks Earl Seibert tombe de tout son poids sur Morenz. Résultat: le tibia et le péroné de la jambe gauche de Morenz sont fracturés juste au-dessus de la cheville.

Le lendemain, les commentateurs se montrent pessimistes: la blessure étant très grave, Howie Morenz ne reviendra certainement pas au jeu d'ici la fin de la saison, et sa carrière de hockeyeur est sérieusement compromise.


La Patrie, 29 janvier 1937 (radiographies de la jambe fracturée)


Le Petit Journal, 31 janvier 1937

Morenz est hospitalisé à l'hôpital Saint-Luc. Sa jambe semble se rétablir normalement, mais son moral est au plus bas. À la surprise générale, Howie Morenz décède le 8 mars 1937 à 23h30, après 5 semaines d'hospitalisation. Les journaux de l'époque parlent d'une "syncope faisant suite à une dépression nerveuse": Morenz serait pratiquement mort de chagrin, acceptant mal que sa carrière sportive soit terminée. Il s'agirait en fait d'une embolie causée par des caillots sanguins générés par sa blessure.

L'Illustration Nouvelle, 9 mars 1937

Les funérailles de Howie Morenz eurent lieu au forum de Montréal devant une foule de 14 000 personnes. Au moins 20 000  personnes qui n'avaient pu prendre place à l'intérieur s'étaient massées le long de la rue Atwater. La cérémonie fut diffusée en direct à la radio. En plus des membres de sa famille et de ses amis, tous les joueurs des Canadiens, des Maroons de Montréal et des Maple Leafs de Toronto assistaient à la cérémonie.

Le cercueil était porté par six de ses coéquipiers : Pit Lépine, Georges Mantha, Babe Siebert, Armand Mondou, Paul Haynes et George Brown.

Howie Morentz fut inhumé au cimetière Mont Royal.

L'Illustration Nouvelle, 12 mars 1937

Alors que les Canadiens avaient gagné 60% des parties disputées en présence de Morenz, ils ne remportèrent que 33% des parties disputées après l'accident. Ils conservèrent malgré tout le premier rang de la division canadienne, talonnés par les Maroons. En séries éliminatoire, il furent toutefois battus en demi-finales par les Red Wings de Detroit, qui remportèrent la coupe Stanley cette année là.

Un match bénéfice en l’honneur de Howie Morenz a eu lieu au début de la saison suivante, le 2 novembre 1937.  Plus de 9000 spectateurs ont assisté à une confrontation entre une équipe formée des joueurs des deux équipes montréalaises (les Canadiens et les Maroons) et une équipe formée des meilleurs joueurs des 6 autres équipes de la ligue. Les bénéfices furent versés à la femme et aux trois jeunes enfants de Morenz.

Son chandail numéro 7 fut retiré, ce qui signifie qu'aucun autre joueur des Canadiens ne pourra porter ce numéro dans l'avenir, et Morenz fut l'un des premier joueurs à être intronisé au Temple de la Renommée du Hockey, en 1945.

Howie Morenz s'est progressivement effacé de la mémoire collective, éclipsé, au cours des années, par des joueurs comme Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur.

Yves Pelletier (Facebook)

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