Le scandale des péagers du pont Jacques-Cartier (1959)

Au début de l'automne 1959, un nouveau système de péage entièrement automatique est mis en place à l'entrée du pont Jacques-Cartier, à Montréal, entraînant une spectaculaire augmentation des montants d'argent récoltés quotidiennement. Dans les mois qui suivent, 26 ex-péagers sont poursuivis en justice.


Dimanche-Matin, 6 septembre 1959

Il y avait toujours eu des péages à l'entrée du pont Jacques-Cartier, depuis son inauguration en 1930. Des péagers étaient responsables de percevoir les paiements, qui dépendaient du type de véhicule et du nombre de passagers à bord. À partir de 1958, on annonce la mise en place de 18 postes de péage entièrement automatiques à l'extrémité sud du pont.  Les responsables prévoient que le nouveau système rendra la circulation plus fluide.

Maquette montrant les nouveaux postes de péage automatique
La Presse, 19 mars 1959

Ce nouveau système de perception automatique est inauguré le 6 septembre 1959.

"Un conseil à tous: prenez soins de lancer vos jetons ou vos 25 cents avec justesse, car les règlements stipulent que ceux à qui il arrivera de ne pas viser comme il faut, devront sortir de leur véhicule, ramasser la pièce mal lancée, puis la déposer au bon endroit." (Dimanche-Matin, 6 septembre 1959)

Inauguration du nouveau poste à péage du pont Jacques-Cartier par le ministre William Hamilton
(La Presse, 8 septembre 1959)


La Presse, 24 novembre 1959

À la fin du mois de novembre 1959, le ministre des transports George Hees rend publiques des données préoccupantes: au mois de septembre 1959, les droits de péage ont atteint un total de 254 192 $, comparativement à un montant de 190 312 $ en septembre 1958, soit une augmentation de 33%. En octobre 1959, les recettes ont été de 284 548 $ comparativement à 190 338 $ en octobre 1958... une augmentation de 50%!. Comment expliquer de telles augmentations? Les percepteurs qui ont été remplacés par les machines gardaient-ils pour eux-même une part substantielle de l'argent qu'ils récoltaient? 

Postes de péage du pont Jacques-Cartier
La Presse, 25 novembre 1959

Deux enquêtes sont déclenchées: une enquête menée de la Gendarmerie Royale du Canada, et une autre menée par le comité des communes sur les chemins de fer. Certains témoignages devant le comité des communes indiquent qu'on se doutait depuis des années que quelque chose ne tournait pas rond au Pont Jacques Cartier. Certains percepteurs semblaient mener un train de vie beaucoup plus luxueux que ce qu'ils auraient dû pouvoir se payer avec leur salaire: un d'entre eux était propriétaire d'un avion privé, alors que deux autres possédaient un luxueux chalet de chasse dans les Laurentides.


Le Devoir, 6 avril 1960

Dans son rapport publié en juillet 1960, le comité parlementaire des chemins de fer fait état de nombreuses irrégularités dans la perception des péage, mais il est incapable de démontrer qu'il y a eu une véritable fraude.

Le Devoir, 13 juillet 1960

L'enquête de la GRC parviendra à démontrer, témoignages à l'appui, que de nombreux péagers laissaient passer des camionneurs à prix réduit, sans toutefois parvenir à démontrer hors de tout doute qu'ils en ont personnellement tiré des bénéfices.

Six anciens péagers sont d'abord accusés de vol et d'abus de confiance, en avril 1960. Mais ils sont acquittés car le juge considère que les accusations ne sont pas appropriées compte tenu des preuves présentées.

À la fin du mois de mai, des mandats d'arrêt sont émis contre 26 ex-péagers du pont Jacques Cartier. Cette fois-ci, ils sont accusés d'avoir omis de percevoir le montant requis du péage, en vertu de l'article 336 du code criminel. Ces accusations sont beaucoup moins sévères que les accusations initiales, la peine maximale possible n'étant que de deux années d'emprisonnement.

Les 26 ex-péagers subissent leur procès individuellement, à partir du mois de décembre 1960, et pendant l'année 1961. Un d'entre eux est condamné à six mois d'emprisonnement, mais les autres sont condamnés à payer une amende allant jusqu'à $1000 (l'amende étant plus modeste pour les employés les moins anciens).

Le péage sur le pont Jacques-Cartier est finalement aboli en juin 1962.


La Presse, 9 mai 1962

Yves Pelletier


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Le naufrage du Mersey (1903)

Le 13 août 1903, un bateau à vapeur fait naufrage sur le Saint-Laurent. Le capitaine, son second et l'ingénieur en chef s'en tirent indemnes, mais 5 jeunes passagers et membres d'équipage meurent noyés. L'enquête démontre ensuite des faits troublants.

La Presse, 20 août 1903

Le Mersey part de Québec le 10 août 1903 dans le but de se rendre à Sept-Îles, où ses services de remorqueur sont requis. Propriété de Michael Connolly, il s'agit d'un bateau à vapeur construit une trentaine d'années auparavant, long de 72 pieds, large de 15 pieds et  5 pouces, profond de 8 pieds et 2 pouces, et ayant un tonnage de 64 tonnes.

Le navire a, à son bord, six membres d'équipages et deux passagers, qui habitent Québec ou les environs:

  • Hippolyte Gagnon, le capitaine, âgé d'une cinquantaine d'années; il compte 36 ans d'expérience en navigation.
  • George Barras, le second.
  • Octave Lamothe, ingénieur, 65 ans; il est très expérimenté, mais a été engagé une heure avant le départ.
  • Thomas Bissonette, mécanicien
  • Eugène Grenier, matelot
  • Emmanuel Gagnon, chauffeur
  • Joseph Martel, passager
  • Joseph Barrette, passager
Les deux passagers (Martel et Barrette) s'en vont travailler à Sept-Îles et on les fait travailler à l'intérieur du bateau en guise de paiement pour le voyage.

Capitaine Hippolyte Gagnon
Le Soleil, 21 août 1903

Le 12 août, le navire fait escale à Rimouski pour y prendre 8 tonnes de charbon. Il longe ensuite la rive sud du fleuve jusqu'à Métis, puis entreprend la traversée du fleuve vers la rive nord.

En début d'après-midi, alors que le Mersey se trouve à peu près à la moitié de la traversée, l'ingénieur Lamothe alerte le capitaine Gagnon, qui est à la barre du navire: le Mersey prend l'eau. La pompe à vapeur ne suffit plus pour évacuer l'eau de la cale, on doit ajouter une pompe manuelle, et les marins s'activent pour évacuer l'eau au moyen de seaux.

Malgré tout, l'eau atteint bientôt niveau du feu des bouilloires (le bateau ne peut donc plus avancer). Le capitaine Gagnon trouve la brèche dans la coque et tente sans succès de la colmater en utilisant des couvertures et des oreillers. 

La situation semble désespérée: le Mersey va inévitablement couler. Des vêtements de flottaison sont distribués aux membres d'équipage et aux passagers, et Barras descend l'unique chaloupe de sauvetage. Pour compliquer les choses, la mer est mauvaise: il vente très fort et les vagues sont hautes. Tous les survivants raconteront qu'ils n'avaient que très peu d'espoir de survivre, peu importe qu'ils restent sur le Mersey ou qu'ils prennent place à l'intérieur de la chaloupe.

Trois personnes prennent place à l'intérieur de la chaloupe, ceux qui sont expérimentés et ont le plus de responsabilité: le capitaine Gagnon, le second Barras et l'ingénieur Lamothe. Les cinq autres, qui sont tous de jeunes hommes célibataires sans beaucoup d'expérience de la mer, restent sur le pont du Mersey.

Lors de ses premiers témoignages, dans les jours suivant le naufrage, le capitaine Gagnon affirme que les cinq jeunes hommes ont refusé de prendre place dans la chaloupe car ils avaient peur de se noyer et qu'effectivement, compte tenu de la force des vagues, la chaloupe n'aurait jamais pu porter huit personnes. Après avoir envisagé de rester sur le Mersey et de périr en compagnie de la plus grande partie de son équipage, le capitaine a décidé de descendre dans la chaloupe, sous l'insistance de son second, considérant qu'il allait probablement périr de toute façon. La chaloupe s'est éloignée du navire à vapeur, qui aurait coulé au bout de quinze minutes environ. Au bout de plusieurs heures, la chaloupe a péniblement atteint la berge à Pointe-aux-Outardes, où les trois survivants, épuisés, on passé la nuit en dormant à même le sol.

Le capitaine Gagnon, le second Barras et l'ingénieur Lamothe ont donc survécu au naufrage alors que les cinq jeunes hommes qui n'ont pas pris place à bord de la chaloupe de sauvetage on perdu la vie. Une dizaine de jours après le naufrage, le corps de Joseph Martel a été trouvé à Sainte-Flavie et celui d'Emmanuel Gagnon a été trouvé à Sandy Bay (aujourd'hui Baie des Sables). Le cadavre de Joseph Barrette n'a été trouvé que le 3 octobre, à Pictou. 

Plusieurs témoignages et opinions contradictoires sont publiés dans les journaux dans les jours suivants:
  • Le Mersey était-il en bon état? Certains témoins qui l'ont vu avant son départ prétendent que le bois de sa coque était pourri, et qu'il n'était donc pas en état de naviguer de façon sécuritaire jusqu'à Sept-îles. D'autre prétendent que des réparations avaient été correctement effectuées dans les mois précédents, et que tout était conforme.
  • La chaloupe de bois, longue de 11 pieds et large de 4 pieds, aurait-elle pu transporter les huit personnes?  Par temps calme: probablement. Dans une mer très agitée: les opinions divergent.
  • La mer était-elle à ce point agitée au moment du naufrage? Les trois survivants prétendent que c'était le cas, mais certains résidents de la région ont déclaré qu'il ne soufflait qu'une légère brise.
Du 26 au 29 août, se tient à Québec une enquête ordonnée par le gouvernement fédéral ayant pour but de s'enquérir des causes du naufrage du Mersey. Les commissaires sont le Capitaine R. Salmon (département de la marine, Ottawa), John Temple (maître de marine, Montréal) et François-Xavier Lamarre (pilote, Québec). 

La Presse, 27 août 1903

Les trois survivants sont sévèrement blâmés. La cour considère que:

  • le capitaine n'a fait aucun effort pour empêcher la voie d'eau et sauver le vaisseau,
  • le vaisseau pouvait être tenu à flot durant un temps indéfini, si les mesures nécessaires avaient été prises
  • le vaisseau a été abandonné trop tôt par les seules personnes d'expériences qu'il y avait à bord
  • le capitaine Gagnon est coupable d'un crime brutal et inhumain, en s'emparant de la seule embarcation disponible, et en désertant son vaisseau, abandonnant et laissant se noyer cinq hommes de son équipage incapables de se sauver par eux-mêmes.
  • le second Barras est coupable d'un acte de lâcheté insigne en prenant part à la désertion.
  • Lamothe, l'ingénieur est coupable de complicité dans la désertion mais la cour est d'opinion que vu son grand âge et son infirmité, il est moins à blâmer.

Le Soleil, 29 août 1903

La cour d'enquête annule donc le certificat de Gagnon, et recommande au ministre de la marine de révoquer celui de Barras et de Lamothe (ce qui sera fait dans les semaines suivantes).

De nouvelles découvertes permettent ensuite de mettre en doute certains aspects du témoignage des survivants du naufrage:

  • Tout d'abord, le 28 août 1903, on trouve près l'embouchure de la rivière Port Neuf le mât et une partie de la cabine du pilote du Mersey. Ce qui attire particulièrement l'attention, c'est qu'une couverture de laine a été attachée au mât en guise de pavillon de détresse, ce qui semble contredire le témoignage des survivants, qui prétendaient que les 5 victimes n'avaient rien fait pour tenter de sauver leur vie.

La Presse, 28 août 1903

  • Pire encore: le 30 août, l'épave d'un radeau de fortune visiblement construit à partir de portes arrachées aux cabines du Mersey est découvert à Anse à la Cave. On voit mal comment ce radeau aurait pu être fabriqué en moins d'une heure, ce qui est en totale contradiction avec la prétention que le Mersey aurait coulé très rapidement, en 15 minutes environ. 

Le Soleil, 15 septembre 1903

L'enquête du coroner Gustave A. Côté débute à Sandy Bay (Baie-des-Sables) le 12 septembre, afin de déterminer les causes du décès d'Emmanuel Gagnon, dont le cadavre a été découvert à cet endroit. Le témoignage du capitaine Gagnon contredit sur plusieurs points le témoignage qu'il avait livré devant les commissaires fédéraux. Il dit maintenant que le Mersey était pourri, alors qu'il avait auparavant déclaré que le navire était en bon état. Il n'y avait pas de tempête, mais la mer était malgré tout trop agitée pour que la chaloupe puisse accueillir plus que 3 personnes, et les 5 victimes n'ont pas vraiment été invitées à monter dans la chaloupe. 

"Dès que je fus embarqué, dit-il, le second Barras a poussé la chaloupe au large. Quand même quelqu'un aurait voulu embarquer avec nous, il n'aurait pas été capable à moins de sauter à l'eau. C'est Barras qui a décidé que nous étions assez de trois dans la chaloupe. Je n'ai pas pensé que nous pouvions en sauver un de plus. Je ne me rappelle pas si quelqu'un m'a demandé d'embarquer. Je n'ai rien fait pour sauver les cinq qui sont restés à bord, et je ne vois pas ce que l'on aurait pu faire pour eux. Je ne les ai pas vu faire un radeau pour se sauver. " (Le Soleil, 12 septembre 1903)

Cette nouvelle version du témoignage incrimine maintenant Michael Connolly, propriétaire du Mersey, puisqu'il aurait laissé naviguer un vaisseau impropre à la navigation. Le 14 septembre, le jury en arrive donc à la conclusion que le capitaine Gagnon, le second Barras et le propriétaire Connolly sont coupables d'homicide.

L'enquête préliminaire, sous la présidence d'A.P. Caron, magistrat du district de Rimouski, se tient du 23 au 26 septembre 1903.  Puisque Gagnon et Barras n'ont pas demandé à être entendus, Lamothe, qui n'est accusé de rien, est le seul survivant du naufrage à témoigner. À cette occasion, il déclare que le Mersey a flotté à peu près une heure après le départ de la chaloupe.

Le jugement de l'enquête préliminaire est annoncé le 26 octobre 1903: les trois inculpés sont exonérés de tout blâme.

"Je ne trouve rien au point de vue légal, qui puisse forcer un capitaine à rester le dernier sur son bateau, en cas de naufrage; tant d'actes d'héroïsme de ce genre viennent à la connaissance du public, par la presse, qu'il s'habitue à croire que c'est une obligation légale de la part d'un capitaine de sauver dans tel cas équipage et passagers au risque de perdre sa vie lui-même; rien dans nos statuts civils et criminels ne peuvent obliger un tel dévouement."  (extrait du jugement, publié dans Le Soleil du 10 novembre 1903)

"Je fais remarquer que je préfère le témoignage du seul témoin survivant, Lamothe, aux théories émanées par d'autres témoins en cette cause, lesquels n'étaient aucunement sur les lieux ou dans les environs, quant à la capacité de la chaloupe, la grandeur de la brise, de la mer et de la houle, qui pouvaient exister au moment du naufrage."  (extrait du jugement, publié dans Le Soleil du 10 novembre 1903)

"En conséquence, je déclare qu'il n'y a pas lieu à faire subir de procès aux prévenus sur l'accusation d'homicide involontaire (manslaughter) portée au mandat du coroner, les amenant devant moi, et de plus, que la preuve en cette cause ne démontre aucune autre offense criminelle pour laquelle les prévenus pourraient être condamnés à subir leur procès à la Cour du Banc du Roi siégeant en matières criminelles." (extrait du jugement, publié dans Le Soleil du 10 novembre 1903)

Étienne Desmarteau, policier et champion olympique (1904)

Médaillé d'or au lancer du poids de 56 livres lors des Jeux Olympiques de Saint-Louis en 1904, Étienne Desmarteau est le premier athlète québécois à avoir remporté une médaille olympique.

Temple de la Renommée du Hockey / Bibliothèque Archives Canada / PA-050259
 

Étienne Desmarteau est né à Boucherville le 4 février 1873, mais il a grandi à Montréal. En 1901, à l'âge de 28 ans, il devient policier. Dès l'été 1901, ce colosse de 6 pieds et un pouce (1,85 m) et 225 livres (102 kg) se fait remarquer lors de différents événements athlétiques en représentant l'Association Athlétique Amateure de la Police de Montréal.

Étienne Desmarteau (La Presse, 27 juillet 1905)

Desmarteau se spécialise dans le lancer d'objets lourds et, de façon particulière, le lancer du poids de 56 livres. Cette épreuve, qui n'existe plus de nos jours, consistait à lancer un boulet sphérique de 25 kg muni d'une poignée. L'épreuve principale consistait à lancer le poids le plus loin possible, mais il existait également une épreuve consistant à le lancer le plus haut possible. Le lancer du poids de 56 livres n'a été au programme des jeux olympiques qu'à deux occasions: en 1904 et en 1920.

 

La Presse, 24 juillet 1902

De 1901 à 1905, Étienne Desmarteau participe régulièrement à différentes compétitions athlétiques à Montréal (Tournoi athlétique annuel de l'association de la police de Montréal, tournoi de l'Association des athlètes amateurs de Montréal, tournoi de l'Association écossaise Caledonia), ainsi qu'à Ottawa et à Toronto. Chaque fois, il arrive premier pour le lancer du poids de 56 livres (en distance et en hauteur), tout en se classant parmi les meilleurs pour le lancer du poids de 16 lb, le lancer du marteau de 16 lb,  le lancer du disque et parfois le "caber" (lancer du tronc d'arbre!). Son frère Zacharie, également policier à Montréal, obtient lui aussi beaucoup de succès dans les mêmes disciplines.


Le Journal, 15 septembre 1902

Il se fait particulièrement remarquer à New York, en septembre 1902:

Pour la première fois depuis la découverte de l'Amérique, sans vouloir remonter au déluge, un Canadien-français vient de gagner les honneurs du championnat dans un tournoi athlétique international, et de plus, gloire à notre force municipale, ce canadien est un policeman. Le constable E. Desmarteau, envoyé à New York par la Montreal Police A.A.A. a gagné les championnats junior et senior pour le lancement du let de 56 livres, au tournoi pour le championnat de l'Amateur Athletic Union. Ses concurrents étaient les champions du monde Mitchell et Sheldon, et il les a battus avec facilité. La température étant mauvaise, Desmarteau n'a pu abaisser les records, mais sur un terrain glissant il a lancé le poids, dans le concours junior, à 32 pieds, 6 pouces et dans le concours senior à 33 pieds 6 pouces. Le détenteur du record, Mitchell, est arrivé second avec 32 pieds 5 pouces. C'est une victoire éclatante pour notre champion et s'il continue il pourra défier n'importe qui sans danger. (Le Journal, 15 septembre 1902)

Un timbre poste à l'effigie d'Étienne Desmarteau a été émis par Postes Canada en 1996.  


La consécration survient lors des Jeux Olympiques de 1904, à Saint-Louis. Desmarteau a pourtant passé bien près de ne pas y participer, puisque l'Association Athlétique Amateure de la Police de Montréal refuse de l'y inscrire.

Pourquoi délibérer? L'Association possède probablement le champion du monde: vous devez à vous-même, à la ville, à la race que Desmarteau représente, de donner à ce Canadien de mérite, l'occasion de montrer à l'univers réuni à St-Louis, quels hommes, quels athlètes le Canada peut produire.   (...) Si New York, ou Chicago possédaient Desmarteau, l'argent ne serait jamais un obstacle pour se rendre à St. Louis. Leur champion serait envoyé au concours avec tous les avantages matériels qui pourraient l'aider à vaincre. Il serait accompagné d'une pilote habile, d'un entraîneur de jugement. Ferons-nous moins pour le Canadien qui a battu Mitchell et Flanagan, de New York?  (Dr. J. P. Gadbois, La Presse, 25 juillet 1904)

C'est finalement la M.A.A.A (Montreal Amateur Athletic Association) qui paie son voyage à Saint-Louis.

Les jeux de Saint-Louis se tiennent en même temps que l'Exposition universelle de Saint-Louis (durant laquelle le célèbre géant Beaupré a trouvé la mort). Seulement 12 pays y envoient des athlètes; 523 des 651 participants habitent aux États-Unis

La Patrie, 2 septembre 1904

Aux Jeux Olympiques de Saint-Louis, le 1er septembre 1904, Étienne Desmarteau décroche la médaille d'or pour le lancer du poids de 56 livres, grâce à une distance de 34 pieds et 4 pouces.

La Presse, 6 septembre 1904

"On peut s'attendre maintenant à ce que les associations athlétiques américaine s'empressent de faire des propositions avantageuses à Desmarteau. La M.A.A.A., dont il portait la roue étoilée sur son bourgeron de concours, a droit à notre reconnaissance d'avoir pris soin du vaillant lanceur, alors que l'association athlétique de la police, par une malheureuse majorité, décidait de ne pas envoyer le petit Étienne à Saint-Louis. C'est une leçon d'esprit sportif qui aura sans doute son effet." (La Presse, 6 septembre 1904)

Étienne Desmarteau, La Presse 30 octobre 1905

En janvier 1905, Étienne Desmarteau fait parler de lui pour le courage dont il fait preuve dans son travail de policier. Le matin du 6 janvier, alors qu'il est en service devant le Théâtre Royal, Desmarteau entend des coups de feu, puis voit un jeune homme armé prendre la fuite en courant. Il s'agit d'Edward Kelly, qui vient de faire feu sur le détective Ernest Viens, qui désirait l'interroger au sujet d'un cambriolage. Desmarteau se lance à la poursuite de Kelly. Kelly fait feu en direction de Desmarteau à deux reprises, sans parvenir à l'atteindre. Desmarteau parvient à rattraper Kelly et tire des coups de feu sur le trottoir pour l'effrayer.  Au moment où Kelly s'apprête à lui tirer dessus à bout portant, Desmarteau l'assomme avec la crosse de son revolver.

Le Canada, 9 janvier 1905

L'été 1905 est en dent de scie: d'une part, Étienne Desmarteau bat les records canadiens qu'il a lui-même établis (distance de 36 pieds et 4 1/2 pouces à Toronto, le 17 août 1905, hauteur de 15 pieds 9 pouces le 26 juillet au tournoi annuel de la police de Montréal). Mais d'autre part, des ennuis de santé l'empêchent de concourir dans certaines des compétitions auxquelles il avait toujours participé auparavant, comme le pique nique annuel de la police d'Ottawa et le tournoi de l'association écossaise Calédonie (Zacharie Desmarteau profite de l'absence de son frère pour briller à son tour).

Au début du mois d'octobre 1905, les journaux révèlent qu'Étienne Desmarteaux est alité depuis plusieurs semaines en raison de la fièvre typhoïde (assez fréquente à l'époque, la typhoïde pouvait être propagée par de l'eau contaminée; de nos jours, il existe des antibiotiques et des vaccins).  

"La maladie grave qui terrasse depuis un mois Etienne Desmarteau, le fameux athlète, a causé partout une pénible surprise. Lui, si jeune, si robuste, comment a-t-il pu être vaincu par la maladie?  Si les sympathies universelles de tous les Canadiens-français qui sont si fiers de ce bel athlète étaient suffisantes pour arracher Etienne Desmarteau au grave péril qui le menace, sûrement il reviendrait bientôt à la santé pour nous faire assister bien souvent encore à ses triomphes, qui nous font autant d'honneur qu'à lui-même". (La Presse 9 octobre 1905)

À la consternation générale, il décède à l'âge de 32 ans,  le 29 octobre 1905, 15 mois après son triomphe aux jeux olympiques.

"Le colosse, qui avait la force réunie de cinq homme ordinaires, a succombé aux fièvres typhoïdes, une maladie à laquelle pourrait résister avec succès un faible enfant." (Le Canada, 30 octobre 1905)

La Patrie, 30 octobre 1905
 

La Presse, 31 octobre 1905

Quant à son frère Zacharie Desmarteau, qui était également athlète et policier, il est décédé une trentaine d'années plus tard, le 26 janvier 1936 à l'âge de 57 ans.

Zacharie Desmarteaux
La Patrie, 27 janvier 1936

Le Centre Étienne-Desmarteau, construit en 1975 pour accueillir les compétitions de basketball des jeux Olympiques de Montréal,  a été nommé en son honneur.

La Presse, 1er février 1975

La fin tragique de l'ambassadeur Norman (1957)

Le 4 avril 1957, Herbert Norman, ambassadeur du Canada en Égypte, se rend à l'édifice qui abrite l'ambassade de Suède au Caire. Il prend l'ascenseur jusqu'au septième étage et, après avoir enlevé sa montre et ses lunettes, il saute dans le vide. On trouvera dans ses poches une note adressée à sa femme, griffonnée sur  une feuille de papier à en-tête de l'ambassade: "Je n'ai plus d'espoir". Il avait 47 ans.

La Presse, 4 avril 1957

Fils d'un missionnaire canadien, Herbert Norman était né au Japon. Diplômé des universités de Cambridge et de Harvard, il avait occupé depuis 1941 différentes fonctions au ministères des affaires extérieures du Canada.

La raison de son geste désespéré: l'acharnement  d'un sous-comité du sénat américain qui l'avait publiquement accusé d'être un communiste. Les premières accusations avaient été formulées en août 1951, alors que Norman était chef intérimaire de la délégation canadienne aux Nations Unies.  Lester B. Pearson, alors ministre des affaires étrangères du Canada, avait immédiatement pris la défense du haut fonctionnaire, affirmant que le gouvernement canadien avait déjà enquêté sur ces allégations et qu'elles s'étaient révélées non-fondées.

 

La Patrie, 17 août 1951
 

Le même sous-comité du Sénat américain était toutefois revenu à la charge  en mars 1957, et le ministre Pearson avait réitéré sa confiance envers l'ambassadeur Norman. "Je n'ai rien à dire pour le moment à l'égard de ce rapport, sauf qu'il semble se faire l'écho de rumeurs, soupçons et calomnies que nous avons entendus pendant des années, et que nous avons rejetés comme dénués de tout fondement." (La Patrie, 15 mars 1957) 

Suite à son décès d'Herbert Norman,  le ministre Pearson ainsi que John Diefenbaker, chef de l'opposition, lui rendent hommage à la Chambre des Communes.

"Comme il est facile à comprendre, M. Norman avait été profondément attristé qu'un ou deux individus de Washington ressuscitent certaines accusations anciennes au sujet de sa fidélité à l'État, accusations qu'une minutieuse enquête avait détruites il y a plusieurs années. Il se peut que les motifs de ces attaques répétées soient difficiles à démêler, mais les moyens employés ne dégradent que ceux qui y recourent." (Lester B. Pearson, Ministre des affaires extérieures du Canada, La Presse,  4 avril 1967)

"Je suis profondément ému de la mort de M. Herbert Norman. Le Canada perd beaucoup en étant privé de la connaissance particulière des affaires asiatiques que possédait ce dévoué serviteur de l'État. Sa mort semble devoir être attribuée au penchant de certains inquisiteurs de Washington à la chasse aux sorcières. Ces derniers, manquant de victimes locales, ont été poussés à salir et à condamner des fonctionnaires canadiens comme ils avaient fait pour leurs compatriotes. Si désirable qu'il soit de défendre notre liberté contre le communisme, voici encore une preuve que le procès sur les soupçons, la condamnation par insinuation ont de terribles résultats pour la vie de ceux qui y sont exposés." (John Dienfenbaker, chef de l'opposition, La Presse,  4 avril 1967).

Le suicide de l'ambassadeur fait évidemment scandale au Canada, mais également aux États-Unis.

 

La Patrie, 10 avril 1957

"Le New York Times écrit que le décès de l'ambassadeur canadien au Caire est une "honte pour le gouvernement et pour le peuple américain". Dans un éditorial rédigé très sévèrement, le St. Louis Post Dispatch a demandé: "Est-ce que les enquêteurs, dans leur désir d'attirer l'attention publique, ne voient pas les responsabilités de leurs gestes?" Et il ajoute: "Chaque Américain ayant une once de pudeur peut et doit avoir honte du rôle du sous-comité dans cette affaire." (La Patrie, 10 avril 1957)
 

La Patrie, 10 avril 1957

"Le président Eisenhower a déclaré aujourd'hui que le suicide du diplomate canadien Herbert Norman lui a causé un profond chagrin et a exprimé l'espoir que les Canadiens comprennent à quel point les États-Unis désirent conserver leur respect et leur amitié." (La Patrie, 10 avril 1957).

 

Le Devoir, 11 avril 1957

Le 11 avril, le ministre Pearson menace les États-Unis d'interrompre la transmission de renseignement sur la sécurité touchant les citoyens canadiens. "Il est intolérable, a-t-il dit, que les citoyens soient harassés par une agence d'un gouvernement étranger. Le gouvernement canadien est parfaitement en mesure d'examiner les questions de sécurité qui le regardent et qui ne relèvent certainement pas de quelque sous-commission d'un autre pays." (Le Devoir, 11 avril 1957)

 

L'Action Catholique, 24 mai 1957

Le 24 mai 1957, pendant la campagne électorale qui entraînera l'élection de John Diefenbaker, Pat Walsh, secrétaire-trésorier de la Ligue anticommuniste pancanadienne, prétend que Herbert Norman ne s'est pas suicidé.!  "Il a ajouté que le gouvernement a peur de faire cette révélation parce que ce serait une bombe électorale. Nous savons, dit-il, que Norman a été précipité dans le vide ou amené par hypnotisme à se suicider. Les deux méthodes sont utilisées par la police secrète soviétique." (L'Action Catholique, 24 mai 1957) Cette déclaration semble avoir comme objectif de semer le doute dans la population, à des fins purement partisanes: le gouvernement libéral protégerait volontairement de dangereux communistes, il faut donc voter pour les conservateurs...

 

La Presse, 1er avril 1990
 

En 1990, le ministre Joe Clark dépose à la chambre des communes un rapport rédigé par Peyton Lyon, politicologue à l'université Carleton, qui confirme que Herbert Norman n'était pas un espion à l'emploi de l'Union soviétique. Quelques années plus tôt, James Barros de l'Université de Toronto avait affirmé le contraire dans son livre "No Sense of Evil: The Espionage Case of E. Herbert Norman".

Yves Pelletier

 "L'homme qui aurait pu être", un excellent documentaire sur l'affaire Herbert Norman, peut être visionné sur le site de l'ONF.

À lire également:

 

 

Elvis Presley à Ottawa (1957)

Le 3 avril 1957, Elvis Presley donne deux spectacles à Ottawa, après en avoir donné deux autres, la veille, à Toronto. Puisque les autorités ont empêché la tenue d'un spectacle en sol québécois, plusieurs centaines de jeunes montréalais se rendent à Ottawa en train ou en autocar afin de voir leur idole.

Le Droit, 4 avril 1957


Des promoteurs avaient pourtant réservé l'auditorium de Verdun pour deux soirs, les 4 et 5 avrils, mais le conseil municipal avait bloqué le projet sous prétexte que la ville ne disposait pas d'effectifs policiers suffisants pour assurer la sécurité.

"Les promoteurs d'Elvis Presley semblent avoir quelque difficulté à trouver un endroit de la métropole canadienne, pour fins de spectacle dans la plus grande ville du pays. Il semble, en effet, que des efforts inutiles ont été faits jusqu'ici, auprès des autorités du Forum, du Palais du Commerce et de l'Auditorium de Verdun."  (Dimanche-Matin, 17 mars 1957) 


La Patrie, 13 mars 1957

 "Le conseil municipal de Verdun a décidé de contremander les représentations que le chanteur de rock'n'roll, Elvis Presley, devait donner à l'auditorium de Verdun, les 4 et 5 avril prochains. Les conseillers ont déclaré que la ville n'a pas suffisamment de policiers pour contenir la foule attendue à ces spectacles." (Le Soleil, 14 mars 1957)

Les jeunes admirateurs et admiratrices d'Elvis sont donc nombreux à prendre la direction d'Ottawa. 800 d'entre eux prennent place à bord d'un train spécial de huit wagons, d'autres s'y rendent en autocar ou en automobile.

 

Des montréalaises s'apprêtent à monter dans le train spécial en direction du spectacle d'Elvis à Ottawa (La Presse, 4 avril 1957)

Publicité dans La Presse, 2 avril 1957

"Les centaines d'adolescents de Montréal qui se sont rendus à Ottawa en train spécial pour voir Elvis Presley sont furieux contre l'agence qui a organisé le voyage. Il semble que le contingent de Montréal a été placé derrière la scène et que la plupart n'ont pas vu Presley "de face". Les Montréalais ont bruyamment manifesté à leur sortie de l'auditorium . Merci aux autorités municipales de Montréal de nous avoir préservé d'un spectacle disgracieux comme celui qu'on a vu à Ottawa; et nos sympathies aux parents qui ont laissé leurs jeunes filles se rendre dans la Capitale fédérale à bord de ce train spécial." (Dimanche-Matin, 7 avril 1957)

La Presse, 4 avril 1957

Tout comme ce sera le cas 7 ans plus tard lors de l'unique prestation des Beatles à Montréal, les journalistes présents n'apprécient ni la prestation de l'artiste, ni le comportement des spectatrices.

"Quand il s'empara, d'un geste...dramatique de sa guitare, les murs du Colisée d'Ottawa résonnèrent d'échos rauques, spasmodiques, tandis que des adolescentes s'arrachaient les cheveux, pleuraient, riaient, tendaient des bras tordus par l'émotion... " (Amédée Gaudreault, La Presse, 4 avril 1957)

Elvis Presley sur scène à Ottawa (Le Droit, 4 avril 1957)    

Titubant, se jetant à genoux, tournant les pouces, embrassant...du regard quelques-uns de ses "fans" qui en trépignaient aussitôt de joie, les cheveux en vadrouille avec favoris extra-longs, Elvis n'avait pas prononcé un mot, fait un geste, que de 8500 poitrines jaillissait une clameur stridente, continue. (...) Spectacle abrutissant, stupide, parfois dégradant. (...) Personnellement, nous avons trouvé ce beau grand garçon d'une insignifiance consommée, mais fort payante. Cependant, il appert qu'il produit chez les adolescentes le même effet que Marilyn Monroe chez les hommes. (Amédée Gaudreault, La Presse, 4 avril 1957)

Une partie de l'auditoire (Le Droit, 4 avril 1957)
 

"Le spectacle méritait qu'on s'y arrête. L'intérêt ne résidait pas sur la scène, mais dans l'auditoire. Au point de vue artistique, en effet, zéro. On n'entendait à peu près rien, les pleurs et les cris féminins dépassant en intensité ceux d'Elvis. Ce qu'on voyait sur la scène ne vaut pas la peine d'être décrit, des gesticulations érotiques sans même un soupçon de beauté." (Germain Tardif, le Droit, 4 avril 1957)

La Presse, 4 avril 1957

"Néanmoins, la foule a transformé l'Auditorium en un véritable asile d'aliénés, presque un enfer. On manque de mots pour décrire la scène; démence, délire, frénésie ne sont pas exagérés. Jamais peut-être un artiste n'a suscité plus d'enthousiasme à Ottawa." (Jean Taillefer, le Droit, 4 avril 1957)

Le Droit, 4 avril 1957


Le Droit, 8 avril 1957

Dans les jours suivants le spectacle, la supérieure du Couvent Notre-Dame d'Ottawa annonce que huit élèves ont été expulsées parce qu'elles ont défié l'interdiction qui leur avait été faite de d'assister au concert d'Elvis Presley. Cette sanction est toutefois levée une semaine plus tard suite à l'intervention de leurs parents. 

Yves Pelletier


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Écrasement d'un avion à Montréal (1929)

"Le plus terrible accident dans les annales de l'aviation à Montréal".  (Le Devoir, 21 juin 1929)

Dans l'après-midi du 20 juin 1929, un hydravion de marque Vickers s'écrase dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, devant l'île des Soeurs. Le pilote et les deux passagers meurent dans l'accident.

La Patrie, 21 juin 1920

Les victimes sont :

  • Le pilote Colin S. Caldwell, 32 ans, de la Canadian Vickers Limited, un des aviateurs les plus expérimentés du Dominion Britannique.
  • L'honorable J. C. Jervis, 32 ans, capitaine, ancien aide-de-camp du Gouverneur-général, fils aîné du Vicomte de Saint-Vincent, employé de la Canadian Vickers.
  • Le Dr William David Morris, 28 ans, qui pratiquait la médecine à Montréal.

Caldwell et Jervis avaient été chargés de tester cet appareil flambant neuf qui avait quitté l'usine de la Canadian Vickers deux jours plus tôt. Le Dr Morris avait été invité à prendre place à bord par son ami d'enfance Caldwell: ils avaient tous les deux grandi à Lacombe, en Alberta.

Le pilote Colin S. Caldwell (La Presse, 21 juin 1929)

 

J. C. Jervis, à gauche et le Dr. David Morris, à droite (La Presse, 21 juin 1929)
 

Selon les témoins, l'avion se serait accroché dans les fils électriques qui traversent le fleuve pour alimenter en électricité à la maison des religieuses de la Congrégation Notre-Dame.

"Je vis l'hydravion volant très bas, peut-être dix ou douze pieds au-dessus de l'eau pendant une assez longue distance. Nous crûmes que le pilote n'avait peut-être plus que peu d'essence. Mous nous le vîmes tout-à-coup tenter de redresser l'aéroplane qui alla frapper deux fils électriques allant à l'île des Soeurs. Une terrible détonation précéda le tragique plongeon de l'appareil."  (La Patrie, 21 juin 1929)

 

L'avion après son retrait des eaux du fleuve (La Patrie, 21 juin 1929)



 

Deux cadavres, celui de Morris et celui de Jervis, sont repêchés dans les heures suivantes. Ce n'est qu'une semaine plus tard, à Varennes, que le corps de Caldwell sera finalement trouvé par un garçon de 10 ans.

Tombe du pilote Caldwell au cimetière Mont-Royal (findagrave.com)

 

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Yves Pelletier